Gottlieb dit Aram

 Août 1954

Aram scrute les toits de Paris et il y découvre toute une gamme de coloris qui s’harmonisent parfaitement avec son art fait de maitrise discrète et de sensibilité contenue.
Ces solides compositions, que nous présente la Galerie Jeanne Castel (3, rue du Cirque), ne se justifient point en fonction de références aux lois sacro-saintes d’une esthétique tenue pour « valable » mais bien par leur valeur intrinsèque. Une telle indépendance chez un peintre venu à Paris afin de parfaire sa formation mérite d’être soulignée.
Aram cherche à nous séduire et il y parvient certes en nous donnant une vision mélancolique et quelque peu surréelle des toits de la capitale, qui sont, pour lui, source d’inspiration féconde. Il a choisi la grisaille comme couleur dominante, une grisaille pastellisée, transparente et délicate, grâce à laquelle les cheminées, les ardoises, et les tuiles secrètent un charme mystérieux.

Aram a opté pour les demi-teintes qu’il répartit en des dégradés subtils qui parviennent à occuper tout notre champ visuel. La simplicité de son expression est d’autant plus louable, à mon sens, que le thème dont il traite, fut maintes fois exploité par des peintres à la verve exubérante.
Cet artiste sait nous conduire au delà du réel sans recourir aux artifices habituels des amants du fantastique. Il se refuse à accepter les ukases des chapelles et manifeste un souci permanent de ne pas sombrer dans la facilité admise, aussi a-t-il su nous dépayser en nous prouvant avec brio, que le respect scrupuleux des formes du monde extérieur, peut être parfois, générateur d’émotions insoupçonnées.

Article de Raphaël Valensi – Terre retrouvée